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EPISODE 8 : PREMIER CHANTIER DE DEBAT : ET LES COMMUNS DANS TOUT ÇA ?

EPISODE 8 : PREMIER CHANTIER DE DEBAT : ET LES COMMUNS DANS TOUT ÇA ?

(Ou pourquoi les communs réinterrogent la propriété et son usage)

Partons d’une expérience concrète venue d’Italie : Les Communs de Bologne

Bologne, au delà de son attrait touristique, une source d’inspiration pour réfléchir aux communs

En 2014, la ville de Bologne adopte un règlement sur la collaboration entre les citoyens et la ville pour l’entretien et la régénération des communs urbains. C’est le 1erprocessus de réglementation et d’administration au monde décrivant comment les villes et les citoyens peuvent collaborer pour cogérer les biens communs urbains.

Plus de 180 pactes de collaboration sont signés à Bologne, par un.e habitant.e, un groupe d’habitant.e.s, une association, un collectif, répartis en trois grandes catégories : vivre ensemble (services collaboratifs), grandir ensemble (co-entreprises) et travailler ensemble (coproduction). Les projets comprennent notamment un jardin d’enfants géré par les parents, une initiative de  » rues sociales  » et une coopérative agricole urbaine. 

Au cours de la deuxième phase, une nouvelle série de projets sélectionnés par les citoyens s’étend aux logements coopératifs, à de nouveaux types de prestation de services sociaux, aux nouveaux programmes de co-apprentissage dans les écoles publiques et sur les marchés de quartier.

Réfléchir à partir d’expériences, faire le pari de la mise en lien, en réseau

Les pistes de réflexion possibles de cette expérience

Le processus engagé à Bologne commence par considérer la ville comme un écosystème social collaboratif plutôt qu’un simple inventaire des ressources à gérer. Pour cela, il cherche à impliquer tous celles et ceux prêt.e.s à pratiquer l’imagination civique dans la ville. Les habitant.e.s de la ville sont considéré.e.s comme des agents inventifs et imaginatifs à part entière, dont les énergies sous-exploitées peuvent être reconnues et se déployer avec l’aide de la puissance publique. 

En s’appuyant sur les soins et la revitalisation des ressources urbaines, les efforts de la ville s’orientent vers la satisfaction des besoins fondamentaux de la population en développant l’économie coopérative localeet en tirant parti des collaborations entre les secteurs public, privé et commun. Le gouvernement local est ré-imaginé comme une infrastructure d’accueil des communs auto-organisés.

Avec les communs, les élus locaux changent de positionnement : ils ne sont pas là pour gérer « pour le compte de » ou « à la place de », ils sont davantage dans une posture de partenariat, ils créent des espaces et des conditions pour permettre à d’autres de gérer. C’est une autre manière de définir l’intérêt général, ou plutôt l’intérêt collectif : ce ne sont pas les élus qui le décrètent à travers la légitimité qu’ils ont reçue du suffrage universel. Un processus permanent de définition et de gestion de l’intérêt collectif est mis en place, où les élus sont « uns parmi d’autres » au même niveau que les autres.

Tiers lieu, monnaie locale, fablabs citoyens : de multiples communs à inventer ensemble

Par les communs, renouveler la réflexion sur la propriété

Qu’est-ce que pourrait être un commun ? Tout ce qui serait créé par nos petites mains, libre, public, partageable et pouvant servir à toutes et tous. Des ressources que nous souhaitons partager ou promouvoir : un local, une imprimante 3D, un savoir dans le codage.

Souvent, ces biens sont menacés. Ils sont ôtés à la collectivité, commercialisés, détruits de manière irréversible. Ils devraient être l’objet de logiques de partage ; ils définissent un espace qui échappe aux logiques de la propriété exclusive. 

La propriété est au fondement des inégalités. La recherche pour s’approprier toujours plus de richesses accroit les inégalités. Et entraine le mouvement de spéculation foncière que Paris subit de plein fouet ces dernières années, qui s’est accéléré depuis la crise de 2008.

Ce qui permet le partage, la valorisation sans destruction des ressources, ce sont des formes de gouvernance qui bouscule le modèle économique dominant basé sur la propriété. C’est séparer la valeur d’usage des ressources (l’intérêt pour les individus et les collectivités) de leur valeur d’échange (leur monétisation). C’est privilégier l’usage.

Une des salles de spectacle du théâtre de Ménilmontant

Un exemple concret pour le 20e, le théâtre de Ménilmontant

J’ai parlé ici du théâtre de Ménilmontant. Il a été construit à partir de dons de paroissien.e.s à la communauté des Pères Salésiens. Ces derniers en sont propriétaires et en avaient confié l’usage jusqu’en décembre dernier à une association qui assurait l’exploitation des salles (pratiques amateurs, lieux de travail et répétition de compagnies, formation) et la diffusion de spectacles.

Depuis décembre 2018, les Pères Salésiens revendiquent la propriété et son usage exclusif. Ainsi, le site a été fermé du jour au lendemain, les associations et compagnies qui payaient pour l’usage en ont subi de plein fouet les conséquences. Les propriétaires affirment définir l’usage, ses règles, l’organisation du lieu.

Ils en ont le droit. Légalement.

Mais on pourrait imaginer une autre façon d’imaginer l’avenir du lieu. Sans remettre en cause l’appartenance de la valeur de la propriété, considérer que l’usage de ce lieu, en tant que bien commun, soit défini par un collectif allant des propriétaires, aux artistes et aux habitant.e.s. Pour le théâtre de Ménilmontant, ce serait prendre en compte les attentes d’un territoire, tant au niveau du contenu que de l’accès. Ce serait une garantie pour conserver son caractère populaire.

Une proposition à travailler ?

NathalieMaquoi
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