EPISODE 4 : PREMIER CHEMIN DE TRAVERSE : LES FURTIFS D’ALAIN DAMASIO
(Ou pourquoi lire une fiction sur la privatisation des villes et la fin de la democratie)
Si vous n’avez pas lu Les Furtifs, courez dans la librairie la plus proche de chez vous, courez dans votre bibliothèque, banalisez votre we, téléchargez la musique composée pour l’occasion (https://alaindamasio-yanpechin.bandcamp.com/album/entrer-dans-la-couleur), puis coupez tout.
Etre disponible pour sentir les furtifs
Tout, c’est votre wifi, votre téléphone, votre tablette, votre montre connectée. De toutes façons, dès les premières pages, si vous ne l’avez pas fait, vous aurez envie. Pour être disponible au cas où un furtif passe.
Un furtif, c’est un être qui se métamorphose sans cesse, aussi rapide que le son, d’où il naît d’ailleurs. Un être attiré par nos émotions, notre sensibilité. Un être qui réinterroge notre rapport au vivant.
Quel pourrait être notre monde en 2040 ?
Le nous, c’est vous et moi en 2040, l’hybride du citoyen-consommateur. Portant une bague permettant d’être connecté en permanence pour que le moindre de nos désirs soit satisfait.
On vivrait dans un monde où les villes les plus intéressantes seraient rachetées par des multinationales. Orange pour Orange, LVMH pour Paris. Ces entreprises auraient des milices, assureraient l’organisation en zones, entre les élites pouvant s’offrir des quartiers avec tous les services et les aménités, les classes aisées cantonnées aux squares réservés, et les plus pauvres relégués dans des quartiers où il n’y aurait même plus d’écoles. Les forfaits remplaceraient l’impôt et détermineraient les accès.
A côté des métropoles investies et contrôlées par le pouvoir économique incarné par les grands groupes, les villes de taille moyenne ou plus petites, délaissées par l’Etat, pourraient être rachetées par leurs habitant.e.s, pour être des Villes Auto-Gouvernées. Ainsi naîtraient des alternatives, des expérimentations nouvelles de vivre ensemble, un développement de nouvelles fonctions dans l’urbain.
Alors les Furtifs, ça parle de quoi ?
Tishka, la fille de 4 ans de Lorca et Sahar, a disparu sans laisser de traces. Lorca est certain que cette disparition est liée aux Furtifs. Voilà pourquoi il rejoint les chasseurs de furtifs au sein de l’armée.
L’armée les chasse parce que les furtifs sont des êtres que les humains ne connaissent pas. Ils se figent quand par hasard un être humain les aperçoit pour protéger leur espèce. Ils sont indétectables quelque soit la technologie utilisée. Ils ont donc un potentiel aux yeux des militaires pour progresser dans le contrôle des sociétés.
Et ça nous fait réfléchir à quoi ?
Par cette fiction, Alain Damasio nous propose de réfléchir tout d’abord à l’articulation entre liberté et contrôle dans nos sociétés post révolution numérique. Surtout, il nous invite à nous questionner sur notre rapport à la vie, au vivant, à notre positionnement dans la nature. Ce qu’il appelle le rapport à la vitalité.
Le dernier mot pour la magnifique plume d’Alain Damasio
« Ils ont le réseau, tu n’as rien.
Tu es le 0, ils sont le 1
Alors noue ! Construis avec d’autres les communs.
Et au cœur de ce nous, explore à quel point tu es liens.
Politique de l’amitié : s’élever du solitaire au solidaire, de la grappe au groupe, du connectif au collectif.
La liberté des autres déplie la nôtre.
Longtemps vous nous avez travaillés au corps, chers pouvoirs.
A l’exploiter, à l’assigner, à le gérer.
A le genrer.
Apprenez désormais qu’il est à nous. Tout simplement.
Et que nous l’avons libéré pour tisser tous à nouveau, autrement, corps et âmes, en fil de soi, de trame, d’Ariane,
En fil de faire surtout,
Faire avec, faire ensemble, faire corps »