EPISODE 3 : L’EXEMPLE INSPIRANT DE SAILLANS
(Ou pourquoi la collégialité et la participation peuvent être les piliers d’un projet démocratique)
Au départ, un maire souhaite décider de l’implantation d’un supermarché contre l’avis de la majorité des habitant.e.s.
Saillans est un charmant village de la Drôme de 1240 habitant.e.s. En 2010, le maire encourage l’implantation du premier supermarché sur la commune, au nom du développement économique et de l’emploi. Une majorité de la population s’y oppose, défendant le modèle des commerces de proximité. Ils/elles sont tant mobilisés que Casino-Intermarché préfère abandonner le projet.
Une liste pour cogérer le village en 2014
En 2014, les opposants présentent une liste, gagnent avec une participation record de 80%. Commence alors une aventure de gouvernement local participatif. L’idée majeure est que la citoyenneté ne se résume pas à un vote tous les 6 ans.
Pour qu’elle soit réelle, une méthode de gouvernance est proposée : l’équipe municipale souhaite cogérer la commune avec les habitant.e.s, avec leur expertise d’usage, avec la compétence acquise par le vécu.
Inventer une nouvelle citoyenneté : la collégialité au sein de l’équipe municipale, premier pilier.
La collégialitéimplique que les décisions sont prises par un organe collectif dont les membres ont des pouvoirs égaux. Le but est de partager le pouvoirentre les élu.e.s et prendre des décisions ensemble.
Pour éviter les prises de décision isolées, enrichir les réflexions, partager les responsabilités et le travail, les élu.e.s s’organisent en binôme autour de 7 compétences, avec un binôme de tête maire/1eradjoint.
Les élu.e.s participent deux fois par mois au comité de pilotage, principale instance de travail et de décisions, ouverte au public. C’est le lieu d’engagement d’une action et de son financement.
Inventer une nouvelle citoyenneté : la participation des habitant.e.s, deuxième pilier.
Pour donner un contenu concret à la citoyenneté, la participation des habitant.e.sest au cœur de l’action des élu.e.s.
Pour la garantir, l’information et la transparencesont essentielles. Les habitant.e.s doivent suivre en temps réel l’avancement des dossiers, les difficultés rencontrées, les choix retenus. Toutes les réunions donnent lieu à des comptes rendus largement diffusés. L’information est présente sur de multiples supports : site internet, livret d’accueil des habitant.e.s, panneaux d’information dans les quartiers, agenda communal mensuel, lettre d’info municipale.
Les habitant.e.s sont invité.e.s à définir des grandes orientations, faire émerger et prioriser des actions à mettre en œuvre dans sept commissions participatives thématiques, coordonnées par les binômes d’élu.e.s. Une fois l’action engagée par le comité de pilotage, un Groupe action projet se réunit sur une période déterminée pour préparer, suivre et mettre en œuvre l’action décidée en commission.
Dans les actions engagées, les problématiques écologiques sont omniprésentes : l’implication des citoyens est vue comme le meilleur moyen de penser le long terme donc de s’emparer de la question écologique, au-delà des cycles électoraux.
Malgré les difficultés, une expérience inspirante
Il ne faut pas nier les difficultés. Les résistances au changement. L’épuisement des élu.e.s extrêmement sollicité.e.s. L’incompréhension et le rejet de la part des élu.e.s de l’intercommunalité.
La recherche de la collégialité au sein de l’équipe municipale et de la participation des habitant.e.s sont des éléments indispensables à la mise en place de la démocratie d’implication. C’est ce qui manque au 20e. C’est un des enjeux des prochaines années.