Série pour comprendre la réforme du lycée pro (et faire connaître tout simplement le lycée pro) #Episode2
Ma série pour comprendre la réforme du lycée pro #Episode2
Retrouvez l’épisode 1 ici
Pour ce 2ème épisode, commençons par une présentation du lycée pro et voyons quels étaient les dysfonctionnements qui pourraient expliquer la réforme, et si celle-ci permet d’y répondre.
Une première orientation majeure intervient à la fin du collège. Un collégien réfléchit lors de son année de 3ème à ce qu’il a envie de faire plus tard et se renseigne sur la formation à suivre pour y parvenir.
Bon, en vrai, les bons élèves réfléchissent à leurs options en seconde générale, les moyens à la filière technique, et les moins bons, les absents, à une filière professionnelle. Ce moment-là est difficile pour beaucoup d’élèves car il est généralement subi, empreint d’une sanction ou d’un sentiment d’échec.
Si tu n’as pas d’assez bonnes notes, tu vas en pro. Ca fait 15 ans, depuis que j’enseigne en lycée pro, que j’entends parler de la « revalorisation de la voie pro ». Tant que les notes seront le réel curseur d’orientation, il n’y aura pas de « valorisation de la voie pro ». Autrement dit, la voie pro sera rarement un choix assumé de l’élève.
2 grandes options s’offrent à l’enfant et sa famille à la fin du collège :
– l’apprentissage en CFA : une partie de la formation, généralement théorique, dispensée en centre de formation la moitié du temps, l’autre partie de la transmission assurée au sein d’une entreprise par un professionnel. L’avantage pour celui ou celle qui n’aime pas l’école, c’est qu’il réduit sa présence à la moitié du temps. L’autre avantage est de percevoir un peu d’argent. Le gros inconvénient (on parle quand même là d’une gosse de 3e de 14-15 ans), c’est que le jeune entre dans la vie active avec un rythme de vie active et non plus scolaire.
– la formation professionnelle en lycée pro : la majeure partie de la formation a lieu au lycée, des périodes de stage entre 6 et 8 semaines par an sur le temps scolaire sont le moment de la transmission en entreprise.
Dans la voie professionnelle, que ce soit en apprentissage ou en lycée pro, 2 formations sont possibles à la sortie de la 3e. Aujourd’hui, je vous propose qu’on parle du CAP.
– Le CAP : premier diplôme de niveau 5 (c’est à dire qu’il permet de rentrer dans une grille de salaire et il est qualifiant), il regroupe une grande diversité de formations. Parce que c’est la branche métiers qui lui donne sa valeur. Par exemple, le CAP ébénisterie est très reconnu de la profession. Par exemple, on trouve des profils souvent titulaires d’un bac en CAP photo. Par exemple, le CAP orthopédie est très bien vu et très qualifiant.
Le CAP s’obtient en 2 ans, au fur et à mesure d’un contrôle continu qui se déroule au sein de la formation.
Les élèves orientés en CAP sont tous ceux que l’éducation nationale ne sait plus trop quoi faire :
Les mineurs récemment arrivés en France et qui ne parlent pas encore très bien notre langue (ça ne veut rien dire de leur niveau, ni de leur scolarité dans leur pays d’origine, mais quand on arrive en France à 16 ans par exemple, difficile d’apprendre et de maîtriser notre langue en 6 mois).
Les élèves qui ont décroché, ont été exclus de un ou plusieurs établissements, qui ont parfois commencé une formation en bac pro mais l’ont arrêtée. Ceux qui ont souvent la rage de l’école, qui ne s’y sentent pas bien.
Les élèves en situation de handicap, qui ont suivi des parcours en SEGPA, qui choisissent la filière en fonction de ce que leur permet la visite médicale.
Ce qui donne des classes très très hétérogènes. Ce qui oblige à une pédagogie individualisée (parce qu’on ne fait pas un cours d’histoire ou de lettres de la même façon à Milena qui est arrivée du Brésil cet été, comme à Sheima qui en est à son 3e lycée mais là s’accroche et est curieuse de tout, qu’à Razaane que son handicap empêche de trop écrire).
Mais on fait du français et de l’histoire géo. Par exemple, cette année, avec une classe de and CAP coiffure, on a fait des ateliers d’écriture avec un poète urbain, Félix Jousserand, et on a écrit des poèmes en alexandrins. Tout le monde. Sans exception.
Bon, pour pouvoir faire un atelier d’écriture, faut 2 heures. On ne les aura plus l’année prochaine puisqu’il n’y aura plus qu’une heure de français par semaine…
Mais bien assez pour un futur coiffeur dirait notre ministre….
PS : merci pour vos commentaires. N’hésitez pas à réagir et à ajouter vos expériences. C’est urgent de parler de la voie pro.
PS 2 : L’épisode 3 sera consacré au bac pro.